Dans un atricle précédant, Vers une réunion tumultueuse... Le syndrome d'Asperger, qu'est-il au juste ? je reprenais une citation de Nora GUILLOUARD, psychologue
Elle axe cette définition sur deux aspects de la triade autistique classique qui comporte :
1. des anomalies de la communication orale et/ou non verbale
2. des anomalies des interactions sociales
3. des centres d'intérêts restreints.
Et si nous prenions le contrepied de cette triade fondée exclusivement sur les aspects déficitaires du syndrome d'Asperger ?
Voici ce qu'on ne retrouve nulle part dans les manuels -et qui n'en est pas moins vrai -, selon Carol Gray et Tony Atwood traduits par Chantal Tréhin, information que j'ai trouvées sur Asperger-intégration site de l'APIPA :
«A. Un avantage qualitatif dans les interactions sociales, comme en témoignent une majorité des éléments suivants :
· La relation avec les pairs est caractérisée par une loyauté absolue et le fait d'être totalement digne de confiance.
· Absence de sexisme, de "age-isme" ou de biais culturels; capacité à prendre les autres tels qu'ils sont.
· Dit ce qu'il pense vraiment quel que soit le contexte social ou ses convictions personnelles.
· Capacité de poursuivre son idée ou sa propre perspective même en présence de contradictions apparentes.
· Recherche d'un auditoire ou d'amis capables de s'enthousiasmer pour des sujets d'intérêts particuliers.
· Attention aux détails, peut passer du temps à discuter un sujet qui peut ne pas être d'une importance capitale.
· Ecoute des autres sans jugement ou suppositions continuels.
· Evite de préférence la conversation sans intérêt, superficielle ou les remarques évidentes.
· Recherche d'amis sincères, positifs, avec un bon sens de l'humour.
B. Parle couramment l'«Aspergerois», un langage social caractérisé par au moins trois des traits suivants :
· Une volonté déterminée de recherche de la vérité.
· Une conversation exempte de sens caché ou de motivations inavouées.
· Un vocabulaire développé et un intérêt pour les mots (je confirme !).
· Une fascination pour l'humour basé sur les mots, comme les jeux de mots (même remarque de votre serviteur).
· Une utilisation perfectionnée de métaphores imagées.
C. Des compétences cognitives caractérisées par au moins quatre des traits suivantes :
· Une préférence marquée pour les détails plutôt que l'ensemble (gestalt).
· Une perspective originale, parfois unique, dans la façon d'aborder les problèmes.
· Une mémoire exceptionnelle et/ou un rappel de détails souvent oubliés ou ignorés par les autre, par exemple: dates, noms, horaires, routines.
· Une persévérance avide pour recueillir et classer l'information sur un sujet qui l'intéresse.
· De la suite dans les idées.
· Une connaissance encyclopédique (de type CD Rom) sur un ou plusieurs sujets.
· Une connaissance des routines et un désir manifeste de maintenir l'ordre et la précision
· Des valeurs claires/les décisions ne sont pas influencées par des facteurs politiques ou financiers.
D. Traits additionnels éventuels :
· Sensibilité aiguë à des expériences ou des stimuli sensoriels spécifiques, par exemple: le son, le toucher, la vision et/ou l'odeur.
· Une capacité à se distinguer dans des sports individuels ou des jeux, en particulier ceux faisant appel à l'endurance, la précision visuelle, comme l'aviron, la natation, le bowling, les échecs.
· «Héros social méconnu» avec un optimisme confiant, victime fréquente de la faiblesse sociale des autres, tout en restant confiant dans la possibilité de l'amitié véritable.
· Probabilité plus élevée que la population générale de faire des études supérieures.
· S'occupe souvent de ceux qui ont un développement atypique»
Asperger-intégration site de l'APIPA
Ce descriptif m'est allé droit au cœur ! Comment pourrait-il en aller autrement ? C'est si peu courant d'entendre parler positivement de ce qui dérange la plupart du temps, dans notre manière de fonctionner et de communiquer !
Ce qui va m'intéresser dans cette section, ce sont les aspects langagiers des aspies, enfin, ma propre façon de parler «l'aspergerois» et plus particulièrement les deux items que j'ai mis en caractères gras et commenter. La raison est bien simple, je suis fascinée par le langage et c'est sur ces deux aspects particuliers que je vais m'attarder ici !
Je parle de ma passion pour le langage. Et pourtant... Je n'ai pas laissé un souvenir impérissable de mes réussites lors de mes études d'orthophonie, entravée que j'étais (et que je suis encore !) par mes «dys» et troubles attentionnels encore méconnus à l'époque, sans oublier mon autisme qui rendent ma communication particulière. Je fournis depuis toujours des efforts intenses pour m'exprimer correctement : tout premier jet d'écriture que je produis est tout bonnement incompréhensible ! Je dois me lire, relire et rerelire pour produire un texte cohérent. Ce n'est qu'à partir de 25 ans, lors de mes deuxièmes études universitaires, que j'ai commencé à devenir relativement performante.
Curieusement, malgré mes nombreuses déconvenues avec le langage, ce dont il va être question dans un premier temps, j'ai toujours gardé mon émerveillement intact face aux mots, leur sonorité, et le langage en général.
J'avais beau aimer le langage, ce dernier ne répondait pas à mon amour. J'ai eu bien plus de chance avec les mathématiques dont la logique correspondait parfaitement à ma façon toute naturelle d'appréhender le monde, à mon besoin de tout ordonner, et ceci dès mon plus jeune âge. Les chiffres m'ont captivée bien tôt que les lettres. Chez moi, tout était ordonné par taille, à commencer par mes «nounours», et mes poupées que j'installais sur le dossier d'un canapé au lieu de jouer avec.
Classement stéréotypé de mes nounours
Toute amoureuse des mots, de leur sonorité, et toute spectatrice assidue de jeux télévisés tels que le francophonissime que je fusse, ceci dès mon enfance, il m'aura fallu bien des années pour apprendre à dompter le langage écrit ! Que de difficultés ai-je eu à surmonter !
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