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lundi 20 juillet 2015

Deux ans déjà que j'ouvrais mon blog !

Chers tous,

Deux ans aujourd'hui que je créais, pour la première fois de ma vie, un blog avec un sentiment d'urgence : canaliser le flot d'émotions qui étaient les miennes après avoir enfin pu poser la dernière pièce à ma vie façon puzzle (prononcé façon «Raoul» dans «Les Tontons flingueurs»). 

J'avais découvert pas mal de blogs, l'un d'eux était même à la source de ma prise de conscience soudaine. Comme beaucoup d'entre nous, qui sommes nés trop tôt ou qui n'avons pas eu des interlocuteurs très perspicaces, j'ai commencé par poser un auto-diagnostic avant de vouloir obtenir une réponse officielle, en passant par la case dépistage dans un centre dédié à l'autisme. 

Peu des bloggeurs/bloggeuses que j'ai pu lire avaient 50 ans. J'ai eu envie de partager mon expérience, d'une personne qui a dû se construire si longtemps sans comprendre que le frein à main omniprésent, et constamment serré qui la faisait marcher à reculons, s'appelait en réalité «Madame l'Aspietude» ! 

Quel choc ! 

Le diagnostic ne s'est pas fait sans heurts, j'ai d'abord fait face à des «spécialistes» pour qui le mot «déontologie» est juste une vue de l'esprit, avant de trouver de vrais diagnosticiens, qui font une évaluation standard avec des tests répertoriés par la HAS (Haute Autorité de Santé). 

Je n'ai volontairement pas parlé de ma permière épopée, j'y viendrai plus tard... J'ai été très longtemps affectée par ce qui s'est passé (et je le suis encore d'ailleurs), mais heureusement, il y a aussi du super positif dans mon cheminement cette année.

L'arrivée de Yuka, ma merveilleuse chienne-guide. 

J'avais commencé ce blog en parlant de mes deux Muses, mes deux sœurs félines, et me voilà maintenant avec mes 3 merveilleuses «drôles de dames», comme j'aime à les appeler (j'adorais cette série). 

Une photo montage de mes 3 drôles de Dames : Uranie à gauche, Yuka au milieu, Euterpe à droite.
Une photo montage de mes 3 drôles de Dames : Uranie à gauche, Yuka au milieu, Euterpe à droite.
Cette merveilleuse aventure n'a pu se concrétiser que grâce à la famille de parrainage qui, dans son énorme altruisme, a consacré beaucoup de temps à élever ma Yuka, alors un petit chiot de 9 semaines, avant de s'en séparer lorsqu'elle a atteint ses 18 mois pour qu'elle puisse retourner à la fondation où elle est née afin d'y être formée pour devenir chienne-guide diplômée siouplé !



Que de larmes versées par ces familles lorsqu'elles rendent à la fondation l'ange à 4 pattes à qui ils ont donné tant d'amour durant 15 mois ! 

Aussi j'ai pensé que la meilleure façon de remercier celle de Yuka serait de créer un deuxième blog uniquement dédié à l'aventure que je suis en train de vivre avec Yuka, pour qu'elle puisse suivre son évolution et recevoir des nouvelles régulières de cette merveilleuse labrad'orette (c'est ainsi que sa marraine et moi l'écrivons).

En retraçant son itinéraire, et en invitant une jeune amie déficiente visuelle qui relate sa découverte de la canne-blanche longue dans un cours de locomotion, comme je l'avais fait il y a 4 ans, j'ai pensé donner des informations que je pense utiles aux non-initiés dans la déficience visuelle, et qui sait, pourquoi pas, donner une impulsion de départ à ceux qui hésitent à demander un chien-guide.

Pour moi, tout s'est enchaîné très vite (ce n'est pas souvent le cas et je peux dire que je suis très reconnaissante de la façon dont la fondation a géré ma demande). 

Le 6 décembre 2014, je faisais ma première visite à l'école (ils demandent que nous nous déplacions juste une fois, la première, pour nous rencontrer et nous donner les informations sur place. Ensuite, ce sont eux qui viennent chez nous puisque nous avons besoin d'un chien-guide dans notre environnement, pour les déplacements que nous faisons dans notre quotidien). Ce jour là, j'ai eu l'immense joie de porter deux labrad'ors de 3 semaines. Ils sont si craquants. Quel bonheur de les sentir blottis contre moi, à un moment où ils ont la taille de mes deux félins adultes ! Trois mois plus tard, à 4 jours près, je recevais la visite de ma Yuka, et à la fin du mois, elle arrivait avec son baluchon. 

C'était le 30 mars, il y a donc 3 mois et des poussières que Yuka devenait un membre bien spécial de cette famille. 

Elle n'est pas seulement mon premier chien-guide, elle est mon premier chien tout court ! J'avais tout à découvrir en recevant mon ange à 4 pattes née le même jour que ma tigrée, ma plus jeune minette, le 7 juin 2012 !

Moi qui, depuis ma tendre enfance, ai toujours eu, pour le plus grand bonheur de ma mère, tant de souci à dormir, me mettre en mouvement, me lever le matin, n'ai découvert qu'à 50 ans le meilleur traitement de tous ces maux : un chien ! Avec un petit plus : elle m'aide à résoudre un souci que je n'ai que depuis que je suis adulte, suite à la prise d'antidépresseurs, à 22 ans, j'élimine 2 kg par mois du surplus adipeux que j'ai depuis lors. Sans le plus petit régime, je mange même davantage. Grâce à ma nouvelle activité physique. La casanière que je suis passe son temps à marcher au grand air ! Une année à 18 mois à ce rythme et ce sera top !

Bref vous l'aurez compris, Yuka a une double casquette. Chienne-guide et chienne d'aspergirl. 

La fondation Mira au Canada forme des chiens pour autistes. Des chiens qui les accompagnent un peu partout et les aident à tisser des liens. 

Je peux le certifier : oui, un chien est un énorme facilitateur et médiateur pour les contacts humains pour nous qui avons des difficultés dans la communication sociale. J'en fais tous les jours l'expérience avec ma Yukalinette : elle me guide mais elle m'aide aussi à avoir une communications plus fluides et à rencontrer des nouvelles personnes. Nous les aspies, sommes à l'aise dans l'échange d'informations, lorsque nous parlons d'un centre d'intérêt dit restreint. Bien moins dans le smalltalk. Pour ne pas dire que ce type de conversation est un cauchemar sur terre pour moi ! 


Les gens que je rencontre ne me parlent pas de la pluie et du beau temps, n'enfoncent pas des portes ouvertes, ils me parlent souvent de Yuka, veulent des informations sur les chiens-guides en général et Yuka en particulier. Dans ce genre de situation, je sais quoi dire ! Et en plus, j'aime parler de cette pure boule d'amour ! 

Pour le guidage proprement dit, je suis encore en mode apprentissage. Yuka doit apprendre à faire avec moi ce qu'elle a appris avec Stéphanie, sa formatrice devenue mon instructrice. Comme le font les petits d'hommes, elle me teste ! Pour l'aspergirl que je suis, qui n'a par chance pas trop de problèmes prosodiques hormis une difficulté à moduler le ton selon ce que je dis (dans le rapport d'évaluation il a été écrit que j'ai une expression plutôt plate), Yuka m'oblige à prendre davantage conscience de ma façon de m'adresser à elle, et m'oblige à moduler ma voix selon ce que je dis. Dans ma bouche, les ordres ne sortent pas trop comme des ordres... j'ai un peu tendance à dire «destra !» pour «tourne à droite» comme je dirais «je t'aime ma Yuka». Je dois apprendre à baisser ma voix et la rendre plus ferme pour que Yuka m'obéisse du permier coup. C'est décidément très thérapeutique pour moi d'avoir un chien-guide et... pas uniquement pour sécuriser mes déplacements !

Il faut environ 6 mois pour qu'un binôme chien-guide - détenteur soit parfaitement fonctionnel. Il faut dire que nous vivons 24h sur 24 ensemble puisque là où nous allons, notre chien-guide va, et vice et versa. Pour l'heure, je ne suis qu'une débutante, d'où la série d'articles que j'ai composée à ce sujet : 

Une fois ces 6 mois passés, lorsque je serai prête pour passer mon examen (je serai observée par un expert de l'AI (Euh... pas Artificial Intelligence mais plutôt Assurance Invalidité) dans un déplacement d'envrion 40 minutes, dont 30 au moins à pieds si je prends un bus, un déplacement comportant des traversées de route, un escalier... sur un parcours que j'aurai fait de nombreuses fois avec Yuka) à l'issue duquel Yuka me sera définitivement attribuée, je pourrai l'emmener revoir sa famille de parrainage. Nos liens seront suffisamment solides pour qu'elle ne soit pas trop perturbée de revoir la famille qui l'a vue grandir et de repartir avec moi ensuite.

Ceci dit, les liens, je les sens déjà, ils sont forts ! 

Incroyable ce que ma 4 pattes me permet de faire ! Je l'aime tellement si fort ! 

Avant de clore cet article, je souhaite montrer à quel point un chien formé dans le soutien émotionnel de personnes autistes peut faire des merveilles ! Cette vidéo peut être assez choquante pour des personnes qui n'ont pas l'habitude d'assister à des meltdowns. La jeune femme de 24 ans qui a accepté de se montrer dans un tel état a bien du courage. J'ai de la chance de ne jamais me mettre dans des états pareils et je dois bien dire que jamais je n'accepterais de me montrer dans un pareil état à sa place. Mais son courage permet de se rendre compte du soutien si merveilleux, et sans jugement, du chien ! Je reconnais là exactement l'attitude de ma Yuka dans certaines situations : lorsqu'il mon homme a de violentes crises d'éternuements Yuka fait exactement pareil ! Et à une occasion, je me suis mise en colère car nous avions un souci de serrure à l'intérieur, et que mon homme avait mis notre clé dedans, ce qui était à éviter. Du coup quand j'ai dû sortir j'étais bloquée dans l'appartement en attendant de pouvoir la libérer et c'était une journée de cours réactualisation de ma formation avec Yuka. Du coup, je n'en suis pas fière, mais furieuse, j'ai dans mon accès de colère, claqué très violemment la porte. Yuka m'a immédiatement sauté dessus, comme pour pouvoir me calmer et... bien m'en avait pris en fait car cela avait libéré la clé de la serrure, me permettant de rejoindre ma formatrice !

Bref je vous laisse avec le lien de Danielle Jacobs, 24 ans, aspergirl, avec Samson, son rottweiler (et oui, sa réputation est fort injuste, il n'y a pas de mauvais chiens, ce sont les maîtres qui sont responsable de ce qu'ils vont devenir !).



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